Recherche en bref : La consommation de cannabis au Canada pendant la pandémie de COVID 19
Jul 2021En bref
L’isolement social et les facteurs de stress associés à la COVID-19 ont eu une incidence sur les habitudes de vie et stratégies d’adaptation. Dans cette étude, les chercheurs se sont penchés sur les changements dans les habitudes de consommation de cannabis au Canada pendant la pandémie. Selon leurs constatations, la consommation de cannabis n’a pas changé dans l’ensemble de la population pendant la durée du sondage (deux mois). En revanche, près de la moitié des personnes qui consommaient déjà du cannabis ont déclaré que leur consommation avait augmenté par rapport à la période précédant le début de la pandémie.
Cette Recherche en bref porte sur l’article « Cannabis Use During the COVID-19 Pandemic in Canada: A Repeated Cross-sectional Study », qui a été publié en ligne avant de paraître dans la revue Journal of Addiction Medicine, en 2020. DOI : 10.1097/ADM.0000000000000798.
Les publications intitulées Recherche en bref sont des résumés succincts d’articles de recherche, présentés en langage clair, dans un format convivial.
Objet de la recherche
Face à la pandémie de COVID-19, le gouvernement canadien a imposé des mesures de distanciation physique pour endiguer la propagation du virus, ce qui a occasionné un isolement accru, une perturbation des habitudes quotidiennes et un surcroît d’anxiété au sujet de l’avenir.
Dans certains pays de l’Union européenne, ces facteurs ayant entraîné une augmentation de la consommation de cannabis chez les usagers, les experts pressentaient une augmentation similaire au Canada. Les chercheurs ont réalisé cette étude pour mieux appréhender les habitudes et les éléments de risque concernant la consommation de cannabis au Canada pendant la pandémie.
Méthode
Au cours des mois de mai et juin 2020, les chercheurs ont réalisé trois sondages en ligne auxquels ont répondu un total de 3 012 Canadiens âgés de plus de 18 ans. Il était demandé aux participants s’ils consommaient du cannabis et à quelle fréquence, et s’ils en consommaient plus souvent depuis le début de la pandémie. Le sondage comportait, outre des questions démographiques, des questions sur la santé mentale, les répercussions de la pandémie et les habitudes de consommation d’autres substances psychoactives.
Conclusions
Les chercheurs ont constaté que, dans l’ensemble de la population, la consommation de cannabis était restée inchangée au cours des trois sondages. En revanche, près de la moitié des personnes qui consommaient déjà du cannabis ont déclaré que leur consommation avait augmenté par rapport à la période précédant le début de la pandémie. Cette augmentation est toutefois restée stable au cours des deux mois qu’a duré l’enquête. Les facteurs de risque associés à l’augmentation de la consommation de cannabis étaient la région de résidence, l’âge, le niveau de scolarité et le degré de préoccupation quant aux finances personnelles en raison de la pandémie.
Portée et limites des conclusions, et prochaines étapes
Les sondages reposant sur l’autodéclaration, il se peut que la consommation de cannabis ait été minimisée et que les données recueillies comportent donc des distorsions. En outre, l’échantillon de répondants provenait d’un panel Web et la sélection n’était pas aléatoire. Par conséquent, il pourrait être difficile de généraliser ces résultats à d’autres populations, dont celles qui n’ont pas accès à Internet ou ne parlent pas anglais. Les auteurs recommandent de continuer à surveiller la consommation de cannabis pendant et après la pandémie, en particulier lorsque les restrictions commenceront à être assouplies dans tout le pays.
Applications possibles
Cette étude revêt un intérêt pour les fournisseurs de services et les autorités sanitaires, car ces derniers pourraient s’appuyer sur ses résultats pour inciter le public à la modération. En outre, les autorités sanitaires pourraient s’en servir pour prendre des mesures politiques visant à remédier aux conséquences d’une consommation accrue. Enfin, cette étude nous permet de mieux comprendre les facteurs de risque liés à l’augmentation de la consommation de cannabis dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et elle éclairera les études post-pandémie.
Remerciements
Même si les auteurs ont procédé avec soin à la sélection et à la présentation des informations, cette Recherche en bref ne se fonde que sur un seul article. Des recherches exhaustives n’ont pas été effectuées pour déterminer s’il existait de nouveaux éléments de preuve. Il est donc possible que le cadre de la recherche, la terminologie employée, les méthodes de recherche et les conclusions ne brossent pas un tableau complet de la question examinée. Par ailleurs, un laps de temps s’étant écoulé entre la réalisation de l’étude et sa publication, il se peut que les données présentées ne reflètent pas la situation actuelle.
À propos des membres de l’équipe de recherche
Sameer Imtiaz1, Samantha Wells1,2,3,4, Jürgen Rehm1,2,3,4,5,6,7,8, Hayley A. Hamilton1,2,3, Yeshambel T. Nigatu1, Christine M. Wickens1,2,3,9,10, Damian Jankwicz11, and Tara Elton-Marhsall1,2,3,4,12- Institut de recherche en politiques de santé mentale, Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto, Ontario, Canada
- Institut de recherche en santé mentale de la famille Campbell, Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto, Ontario, Canada
- École Dalla Lana de santé publique, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
- Département d’épidémiologie et de biostatistique, Faculté Schulich de médecine et de dentisterie de l’Université Western Ontario, London, Ontario, Canada
- Institut des sciences médicales, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
- Département de psychiatrie, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
- Institut de psychologie clinique et de psychothérapie, Université technologique de Dresde, Allemagne
- Département des projets internationaux de santé, Institut de leadership en gestion de la santé, Première Université de médecine Ivan Setchenov de Moscou, Moscou, Fédération de Russie
- Institut de gestion et d’évaluation des politiques de santé, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
- Département de pharmacologie et de toxicologie, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
- Gestion de l’information, Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto, Ontario, Canada
- Département des sciences de la santé, Université Lakehead, Thunder Bay, Ontario, Canada
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